Entre les lignes novembre

 

 

 

Merci à tous pour votre participation à la soirée Quoi de Neuf à l´Alliance Française vendredi dernier.
Nous tenons à remercier plus spécialement Marie-Cécile de nous avoir ouvert les portes de l´Alliance pour cette soirée et d´avoir participé à son organisation.
Une ambiance très conviviale autour d´un super buffet, merci à tous pour votre contribution, merci aussi à Pierre pour la musique et à Hélène pour le prêt des tentes. Vous pouvez voir les photos de la soirée sur le site.

Comme la prochaine fin de semaine est dédiée à la fête des morts dans tout le Mexique, je vous invite à découvrir ou en apprendre plus sur l´ "Hanal Pixán", la traditionnelle fête des morts du Yucatán, un mélange de croyances mayas et catholiques, en lisant l´article ci-dessous.
Egalement la manière traditionnelle de préparer le chocolat chaud dans les villages mayas, un ingrédient qui ne serait pas manquer sur l´autel.

Cette fin de semaine, plusieurs manifestations pour admirer les altares, ces autels qui invitent les âmes des défunts à manger, principalement samedi 31 octobre à partir de 10h00 sur la place centrale de Mérida. A 19h00, un défilé « macabre » part de Santa Lucia, à voir.

 

La fête des morts dans le Yucatán : le « Hanal Pixán », un rendez-vous entre les âmes des morts et les vivants mêlant traditions mayas et catholiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Dans les villages du Yucatán, l´époque de finados , la période de l´année où les âmes des morts rendent visite aux vivants, dure tout le mois de novembre.
Le changement de climat qui accompagne l´arrivée de l´automne est pour beaucoup le signal de la proximité de cette période, qui est vécue comme magique, par petits et grands.
On commence alors les préparatifs pour accueillir et honorer les âmes des morts. La maison, les meubles, le patio sont nettoyés de fond en comble, le linge et les vêtements lavés car la croyance veut que les âmes n´aiment pas la saleté et que si elles trouvent la maison sale elles la nettoient elles-mêmes. On prépare les bougies en cire d´abeille, noires ou blanches pour l´autel des adultes et de couleurs pour celui des enfants. On achète au marché les ingrédients pour la préparation des aliments et les fleurs traditionnelles : le « xpujuc », petites fleurs jaunes, le « xtés », fleurs rouges en forme d´éventail et l´amor seco, fleurs mauves ainsi que des plantes aromatiques très parfumées comme le basilic et la ruta. .

Enfin on installe l´autel et on attend l´arrivée des âmes sans oublier d´attacher les chiens pour qu´ils ne les effraient pas et de nouer un ruban rouge ou noir au poignet des enfants pour que les âmes les identifient et ne les emmènent pas avec elles. La lueur des bougies et le parfum des fleurs et des plantes aromatiques vont attirer les âmes jusqu´à l´autel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le 31 octobre est le jour des enfants et l´autel, recouvert d´une nappe blanche brodée, se pare de bougies de couleurs, de fruits, oranges ou mandarines pelées ou bananes, de fleurs, et de quelques jouets et friandises comme les mazapanes en forme de fruits ou d´animaux élaborés en pâte de pepita (graines de courge), en plus de la photo de l´enfant défunt, d´une croix en bois verte, symbolisant la nature et d´une jícara (écorce d´un fruit utilisée comme récipient) remplie d´eau.
Le lendemain, 1er novembre, l´autel est dédié aux défunts adultes de la famille, dont la photo remplace celle des enfants. On y dispose une croix en bois, des fleurs, des bougies noires ou blanches, une jicara d´eau et même de l´alcool et des cigarettes suivant les goûts du défunt.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En maya « Hanal Pixán » signifie le repas des âmes. Il faut nourrir les âmes des morts en visite, aussi dans chaque maison on leur prépare leur met préféré. A peine préparée et bien chaude, la nourriture est disposée sur l´autel accompagnée de la boisson favorite du défunt et d´une jicara garnie d´une serviette neuve avec des tortillas; la famille se réunit alors autour de l´autel, devant lequel on brule de l'encens pour purifier l´air, et prie pour les âmes de leurs défunts, parfois accompagnée par amis ou voisins. La croyance veut que les âmes se nourrissent du fumet de la nourriture, de son essence. Une fois refroidis, les plats sont enlevés et mangés par la famille.
Traditionnellement les plats préparés à midi sont le puchero, sorte de pot au feu, pour les enfants et le relleno negro pour les adultes.

Le soir sont disposés sur l´autel les pibes ou mucbilpollos, sorte de tamales cuits enterrés, avec du chocolat chaud ou de l´atole (boisson au maïs) et les prières recommencent.
Les âmes des défunts n´ayant plus de famille ne sont pas oubliées. On les appelle  « animas solas », les âmes seules, et on considère que ces âmes n´osent pas s´approcher des autels des autres défunts, raison pour laquelle les familles réservent des aliments pour elles et les disposent dans un endroit à l´abri des regards de façon qu´elles puissent s´alimenter aussi. Certains installent  même des autels plus simples pour elles.

Le 2 novembre les familles se retrouvent au cimetière pour y passer la journée et accompagner leurs parents disparus. Les tombes ayant été préalablement nettoyées, sont ornées de fleurs et de bougies, on prie pour les morts, on se retrouve entre connaissances et on mange la nourriture apportée ou achetée à des marchands ambulants devant le cimetière.
Suivant les régions du Yucatán, huit jours après on célèbre la octava (la huitaine) avec encore la confection de tamales.

Le 30 novembre, les âmes des défunts s´en vont au milieu de prières et de chants. On dispose des bougies devant les portes et sur les murets autour des maisons pour les guider. C´est encore l´occasion de préparer des aliments secs comme des pibes que l´on dispose sur l´autel enveloppés dans un torchon pour qu´elles puissent l'emporter et se nourrir pendant le voyage de retour dans l´au-delà. Il ne manque pas, ce jour là, dans le village, quelqu´un affirmant avoir croisé quelques personnages ayant tout à coup disparus...

Avec le temps cette tradition de « Hanal Pixán » a commencé à se perdre ou du moins à être moins suivie, surtout dans les grandes villes, comme à Mérida où, il y a quelques années, les fêtes d'Halloween semblaient prédominer. Pour sauvegarder cette coutume faisant partie de la culture régionale, les écoles, les universités et d'autres institutions locales organisent maintenant des concours d´autels dans lesquels les participants doivent non seulement élaborer l'autel mais aussi expliquer devant les juges les fondements de cette tradition. Chaque année, le 31 octobre, sur la place principale de Mérida, a lieu une exposition d´autels à laquelle participent diverses communautés de l´état du Yucatán.  

Le « Hanal Pixán » est une tradition intime, qui se vit dans le contexte familial. Chaque famille prépare l´autel de ses parents disparus et prie pour leurs âmes, le sens réel de cette coutume étant le souvenir et la rencontre avec les êtres chers décédés, elle sert aussi à réaffirmer, chaque année, les liens familiaux. L´installation des autels dans les écoles et les parcs ressemble plus à une représentation folklorique de cette fête des morts, mais en définitive l´important est que cette tradition régionale ne disparaisse pas et certains de ces autels qui respectent la complexité des éléments traditionnels sont de véritables œuvres d´art.

Article : Martine Bordi,
Il y a une vingtaine d´années, quand je suis venue vivre au Yucatán, j´ai passé mon premier « Hanal Pixán » à Valladolid dans la famille de mon mari. Ma belle-mère et la grand-mère de mon mari ont préparé l´autel  pour les défunts de la famille; je me souviens de  mon étonnement en découvrant ce rituel et c´est avec  plaisir que je me remémore cette expérience magique en écrivant cet article. Je remercie ma belle-mère, Marta Mena Alvarez, d´avoir si gentiment répondu à toutes mes questions et ainsi m´avoir donné beaucoup d'éléments pour l´écriture de cet article.

 Vous pouvez laisser un commentaire au bas de cette page. Merci

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le chocolat chaud est une boisson qui se consomme beaucoup au Yucatán.
C´est un ingrédient qui ne peut pas manquer sur les autels de « Hanal Pixán ».
Sa préparation y est assez particulière et est restée jusqu´à nos jours très traditionnelle car il ne faut pas oublier l´origine de cette boisson avant qu´elle ne devienne à la mode en Europe au XVI ème siècle.

 Le chocolat, un héritage maya.

Les mayas découvrirent le cacao vers l'an 600 de notre ère. Ce sont les premiers à cultiver les cacaoyers. Ils baptisèrent le fruit de l'arbre aux cabosses " cacau ", origine du mot cacao. Pour les anciens mayas les fèves de cacao servaient de monnaie d´échange  mais avaient également une valeur religieuse en étant associées à de nombreux rituels. Ils ont été aussi les premiers à consommer les fèves de cacao sous forme de boisson appelée "xocolatl" ou eau amère en les broyant et en les mélangeant à des épices.

La boisson au cacao continue de se préparer de nos jours dans les villages du Yucatán, mais d´une façon bien particulière, en quelques sortes un héritage des premiers mayas.
Préalablement on confectionne les petites tablettes servant à la préparation de la boisson chocolatée. Pour cela on fait griller des fèves de cacao sur le comal (plaque en métal servant traditionnellement à faire cuire les tortillas) posé sur le feu, ensuite les fèves sont mélangées avec un peu de farine légèrement grillée sur le comal également, et des bâtons de cannelle et on broie le tout avec un moulin à main. On forme avec la pâte obtenue de petites tablettes rondes sur des carrés de papier, on les laisse sécher pour qu´elles durcissent puis on les conserve dans un pot hermétique.

Pour  préparer la boisson au chocolat, on utilise un batidor, récipient fabriqué en bois dur souvent de ciricote (un arbre fruitier), muni d´ une sorte de fouet en bois, le molinillo.  Pour  une tasse de chocolat, on met dans le batidor environ un quart de tablette, une cuillère de sucre et de l´eau bouillante, on fait rapidement tourner entre les paumes de la main le molinillo,  la rotation des anneaux plongés dans le chocolat crée une mousse onctueuse. On consomme ce chocolat  accompagné de brioches rondes recouvertes de sucre ou autre pan dulce comme on appelle les viennoiseries au Mexique.
Il y a encore quelques années, chaque famille élaborait ses petites tablettes de chocolat ou les achetait à une voisine. Aujourd´hui la boisson typique au chocolat continue de se préparer de cette manière mais le plus souvent avec des tablettes de chocolat commerciales qui ont la même forme ronde et sont toujours aromatisées à la cannelle.
(MB pour QdN)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires (2)

1. Denis Mazeran 20/11/2009

Très complet ton article Martine. Bravo!!!
Moi aussi je me rapelle lorsque je suis arrivé en 1997 à Merida pour vivre de cette festivitée qui pour moi était chose nouvelle.

2. Carole 08/11/2009

Bravo pour ces articles très intéressants qui nous font connaitre la culture de cette partie du Mexique!

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